Entretien #8 – Joachim Pastor
Cette semaine, Amnusique a décidé de mettre à l’honneur les artistes d’un jeune label Français qui monte en puissance depuis quelques années. Ce label Parisiano-Marseillais, c’est Hungry Music. Créé par Worakls, N’to et Joachim Pastor en 2013, Hm tire sa spécificité de l’aspect très mélodique de ses productions entre musique minimale, tech-house, deep-house et electronica. A l’occasion de cette semaine spéciale Hungry Music, nous avons eu l’honneur et la chance de réaliser trois entretiens avec les trois créateurs de ce jeune label. Le premier à passer au micro d’Amnusique est le Parisien Joachim Pastor. Bonne lecture à toutes et à tous. (Version Anglaise)
Bonjour Joachim, toute l’équipe d’Amnusique te remercie de nous consacrer un peu de ton temps et de participer à cet entretien numéro 8. Le principe de nos interviews est simple, on te pose d’abord quelques questions classiques sur ton travail puis on passera à des questions plus décalées, qui ne sont qu’un prétexte pour te connaître plus en profondeur. Tu as le droit à un Joker Amnésie si tu ne souhaites pas répondre à l’une de nos questions. En 7 entretiens, un seul artiste a eu besoin de l’utiliser.
Peux-tu te présenter en quelques mots pour ceux qui ne te connaitraient pas encore ? Qui es-tu, d’où viens-tu, depuis quand fais-tu de la musique, quel est ton style de prédilection etc…
Joachim Pastor :
J’ai commencé la musique vers l’âge de 4 ans. J’ai fait 10 ans de conservatoire avec plusieurs instruments. Je suis connu pour ma musique plutôt électronique, mais j’aime tous les styles de musique, du classique au jazz en passant par le rock…
Joachim Pastor c’est ton vrai nom ?
Aucun rapport avec le mec qui joue au PSG n’est-ce pas ?
Joachim Pastor :
Je ne sais pas si c’est mon vrai nom, mais une chose est certaine, ça n’a aucun rapport avec Javier.
Tu peux nous expliquer comment s’est faite la rencontre avec le label Hungry Music ?
Joachim Pastor :
Je ne sais pas si on peut parler de « rencontre » avec Hungry, mais plutôt avec Kevin et Antho. En fait, quand je suis arrivé dans l’équipe, le label était une idée qui trottait dans la tête des autres depuis longtemps et qui était en passe de se concrétiser. Moi aussi j’avais souvent eu l’envie d’avoir une plateforme où je pourrais sortir ma musique avec une totale liberté. C’est donc naturellement que je me suis lancé avec eux à la création du label.
Etais-tu encore chez Boxer Recordings à ce moment-là ?
Joachim Pastor :
J’avais déjà sorti pas mal de musique depuis 2008, quand j’ai rencontré le groupe, j’étais principalement sur des labels comme Parquet, Boxer, Form ou encore Mistakes.
Voici une question qu’on va poser à chacun des membres d’hm. Qu’est-ce qui fait ton unicité par rapport aux deux autres artistes du label ? Vos styles sont assez similaires mais il y a forcément un petit quelque chose qui différencie tes morceaux à ceux d’un Worakls ou d’un N’to ?
Joachim Pastor :
Pour moi, il y a une belle synergie dans nos styles, ce qui fait une cohérence dans la ligne artistique du label, mais on a chacun notre touche : Worakls fait une musique qui est très « cinématique », N’to est très deep avec des melodies souvent très fines et subtiles. Et moi je pense que je suis un peu plus « pop ». Bien entendu ça change à tous les tracks et certains de nos tracks sortent carrément de nos « lignes » habituelles. Mais l’esthétique reste plus ou moins reconnaissable.
Ta carrière a mis pas mal de temps à décoller, à quelques mois près tu aurais même pu tout arrêter. Tu penses que tu aurais fait quoi si tu n’avais pas fait de la musique ?
Joachim Pastor :
J’ai fait des études d’ingénieur, j’adore créer des choses, comprendre des logiques et des mecanismes, mais je pense aussi que j’aurais été un bon avocat.
Pendant longtemps, tu as fait figure de « petit dernier » d’Hungry Music. Peut-être parce que tu étais moins médiatique et moins médiatisé que tes deux amis. Ce n’était pas trop compliqué à gérer ce statut ?
Joachim Pastor :
En fait, quand Hungry Music s’est crée, j’étais déjà dans le groupe, et c’est vraiment notre label à tous les 3. Je dois avouer que je n’ai jamais vraiment trop pensé à ce coté hiérarchique. Moi je fais de la musique et c’est tout. Je considère ça comme un art non quantifiable et pas comme une compétition (sourie).
Pas mal de tes morceaux évoquent la notion de voyage, comme Kenia ou Mekong par exemple. Le voyage est-il une de tes passions ou une source d’inspiration ?
Joachim Pastor :
J’ai en effet pas mal voyagé. J’ai vécu en Angleterre et aux USA, mais je pense pas qu’on puisse dire que voyager est une « passion » pour moi. J’aime le faire, partir avec mes amis, me détendre, mais c’est loin d’etre ma raison de vivre.
Sur les quelques vidéos d’interviews de toi qu’on a pu visionner, tu as l’air de quelqu’un de vachement sympa, souriant, qui rigole tout le temps… ça donne envie de faire un putain de free hug (câlin)! Tu peux décrire un peu ton caractère dans la vie de tous les jours ?
Joachim Pastor :
J’essaye d’être très loyal et droit dans ce que je fais. J’attache beaucoup d’importance à la parole donnée. Je ne pense pas être trop difficile à vivre au jour le jour et je suis plutôt déconneur. Dans l’ensemble je fais de mon mieux pour etre le plus « juste » possible, et je n’hésite jamais à dire la vérité en face a mes amis, même si parfois c’est dur, car pour moi c’est ça le vrai amour : qui aime bien chatie bien.
Dans ton titre Couleur, à 1:43 min il y a un bref passage qui nous fait vraiment penser à l’air de Who Wants To Live Forever de Queen. C’est volontaire ou un pur hasard ?
Joachim Pastor :
En effet, quand je faisais le track, dans ce micro-passage j’ai inconsciement fait les deux premiers accords de « Who Wants To Live Forever » de Queen. Et comme pour moi c’est le plus grand groupe de tous les temps, j’ai laissé ce passage comme un « clin d’oeil ». Queen pour toujours, ils ont accompagné ma vie.
Certains de tes morceaux ont des noms très bizarres. On pense par exemple à Décourageur, Trocétro ou encore Le Gazon. Comment fais-tu pour choisir ces titres ? C’est quelque chose d’important pour toi ou en deux minutes c’est plié ?
Joachim Pastor :
Là encore, ça dépend, parfois c’est très dur de trouver un titre, surtout quand c’est pas un track « concept ». Mais vous avez oublié de citer « 33cl« qui est un exemple typique du nom trouvé en deux minutes. J’avais une canette sur la table du studio…
Et tu peux nous dire pourquoi ton morceau « Trocétro » a cette orthographe ?
Joachim Pastor :
« Joachim Pastor – Trop c’est trop » c’était trop long sur le vinyl.
On a pu lire que tu avais arrêté le conservatoire assez tôt parce qu’il y avait un esprit de concurrence qui ne correspondait pas à tes attentes. Tu peux nous parler de cette période ?
Joachim Pastor :
En fait, j’ai quitté mon premier conservatoire à cause de cet esprit élitiste et compétitif, avec des auditions tous les 2 mois etc… Mais je suis passé à un deuxieme conservatoire où j’ai rencontré Jean-Pierre Lacaille qui fut mon professeur de guitare. Il faisait aussi de la production musicale dans son studio, il m’a initié à ça. Ce qui était génial c’était qu’avec lui, j’apprenais tous les styles mais c’était moi qui avais le choix de « la direction artistique ». Merci Jean-Pierre je ne t’oublierai jamais.
On adore ton morceau Coquelicot, on dirait un peu le générique du dessin animé Inspecteur Gadget. C’est assez différent du style de tes autres productions mais super frais et entraînant. Tu peux nous dire comment te vient l’inspiration pour ce type de morceaux ?
Joachim Pastor :
J’avais envie de faire un truc completement différent et j’avais vu une video sur Youtube qui s’appelait « Going To The Store« et ça m’a inspiré ça.
On a entendu que tu étais un grand fan de Rodriguez JR mais aussi plus étonnant, d’accordéon et de cornemuse. C’est vrai cette histoire ? Pas trop de moqueries de la part de tes amis ?
Joachim Pastor :
Aucune moquerie, pour moi la cornemuse est un des instruments les plus cools de la terre. D’ailleurs, pour Noël, ma soeur m’en a offert une. Peut-etre un jour sur un Hungry Tour ? Tous les trois on adore Rodriguez Jr… (sourire)
Tu as d’autres artistes qui aujourd’hui t’inspirent et t’influencent au quotidien ?
Joachim Pastor :
Bien sûr, N’to et Worakls !! (rires) Il y en a tellement… mais j’écoute souvent les mêmes choses, je ne vais pas souvent à la recherche de nouveautés. Mais par contre, quand j’en trouve, alors là il y a de l’engagement et j’écoute avec passion.
Sur ton morceau Wayfaring Stranger, tu as collaboré avec les Allemands (tant que ce n’était pas pendant la guerre) AKA AKA, Thalstroem et « Burlesque Musique », tu peux nous en dire un peu plus sur eux et sur cette rencontre ?
Joachim Pastor :
Je ne sais pas si on peut appeler ça une collab’, j’ai fait un original et ils ont fait un remix, qu’ils ont sorti en A1 du vinyl, classe ! En fait, ils ont été très fans de mon EP sorti en 2009 « Gailo/Poulain », et ils m’ont contacté pour jouer sur Berlin. Et puis tout est parti de là, j’ai dû jouer avec eux au moins 10 fois en Allemagne.
Dernière question avant de passer à celles un peu plus funs. On a vu que tu faisais pas mal de remixes, qu’on peut notamment écouter sur ta page Soundcloud (Sébastien Léger, Moriarty, Alle Farben…). Ce sont des demandes de leur part ou c’est toi qui décide de les réaliser parce que t’as kiffé les morceaux ?
Joachim Pastor :
Tout dépend, le bootleg de Moriarty c’est vraiment un hommage au groupe. Mais sinon, ce sont des demandes. Comme récemment le remix pour Kellerkind sur « Still Vor Talent » ou bien un remix que je viens de finir pour Kid Francescoli…
Bon, c’est l’heure de passer aux questions plus décalées ! On commence par un classique sur Amnusique, la question de l’album de la honte. Quand tu étais jeune, tu as acheté un single ou un album dont tu as un peu honte aujourd’hui ? Tu sais, du style Daddy DJ ou Lou Bega…
Joachim Pastor :
« Daddy DJ please take me to the party », je me souviens quand je matais le clip le matin avant le Morning Live ! Je ne sais pas si on peut parler de honte, car ce qui est à la mode aujourd’hui sera ringard dans 20 ans, mais j’avais l’album K7 de Boris (soirée disco).
Au contraire, l’album avec un grand A que tu as écouté en boucle jusqu’à rendre dingue les voisins et ta famille ?
Joachim Pastor :
Daft Punk – Discovery
Ton titre Md_Ma, c’est une référence aux gens, le regard vide, qu’on voit souvent au premier rang lors des lives ?
Joachim Pastor :
Exactement.
Chez on adore les sosies… On t’a déjà dit que physiquement tu étais un mélange entre Fred Testot et Dj Pone ?
Joachim Pastor :
(rires) On ne m’avait jamais dit ça, par contre à une époque, quand j’étais plus jeune, j’étais le mec de Prison Break, ensuite je suis devenu le sosie de Jeremy Menez, et là, à l’heure actuelle j’ai des amis qui disent que je suis Kad Merad… Bref, c’est la débandade (Désolé Kad)
Jeremy Menez c’est exactement ça !!! On le cherchait et tu nous le livres sur un plateau ! Par contre Kad c’est vraiment vache quand même… C’est qui la nana avec les trucs bizarres accrochés sur les seins sur ta pochette de Wayfaring Stranger ? Une copine de celle présente sur la pochette de The Bosnian de N’to ?
Joachim Pastor :
Exactement.
C’est dans le cadre du Label Burlesque Musique, donc le thème c’est le burlesque.
On a pu voir que tu étais le vrai Mac Gyver de la bande et que tu avais un petit atelier pour bricoler de temps en temps. T’avais même fabriqué un « potard » en bois pour Worakls. T’as jamais pensé que tu pouvais avoir un sacré filon avec David Guetta sachant qu’il a des tables de mixage avec un seul bouton ? T’as peut-être du fric à te faire !
Joachim Pastor :
Idée de génie.
Si tu te retrouves sur une île déserte avec N’to, Worakls et William (leur manager), et que t’es vraiment hungry. Pas un fruit, pas un poisson ni un kebab à l’horizon. Tu bouffes lequel de tes potes en premier ?
Joachim Pastor :
Je suis Mac Gyver donc je fabrique un zodiac avec ce que je trouve sur l’île. Mais bon, s’il y en a un qui meurt en route, il faudra rester pragmatique, donc je bouffe le premier qui succombe.
Pour revenir à ton goût pour certains instruments inhabituels…A choisir tu préfèrerais faire un featuring avec Rodriguez JR ou un avec Yvette Horner avant qu’elle nous quitte (elle a quand même 92 printemps) ? Après tout le saxophone est bien revenu à la mode… alors pourquoi pas l’accordéon ?
Joachim Pastor :
Yvette Horner cash.
Il parait qu’un jour, un mec t’a vendu une sorte de tuyau pour t’entraîner à la cornemuse mais c’était tellement pourri que tu ne l’as jamais utilisé. Si on te retrouve le mec en question, tu lui fais quoi ?
Joachim Pastor :
C’est très marrant que vous me posiez cette question car il y a quelques semaines, je cherchais ce truc là car ça permet de s’entraîner sans faire trop de bruit. La cornemuse, je pense que c’est un des instruments avec le plus fort niveau sonore, impossible d’en faire chez moi. Si je le retrouve, je lui en rachète un !! (rires)
C’est quoi l’endroit le plus insolite où tu as trouvé l’inspiration ? On a entendu parler de ta douche mais ça reste soft quand même. Pour tout t’avouer, il nous arrive de trouver quelques-unes de nos questions pour les interviews, dans nos toilettes.
Joachim Pastor :
Sur le Lac Michigan dans un bateau de course… J’ai pensé à l’idée de Joda. Puis je ne pensais plus qu’à rentrer pour l’écrire…
Si Joachim Pastor interviewait Joachim Pastor, quelle question aurais-tu aimé qu’il te pose ?
Joachim Pastor :
Joachim Pastor, quoi de neuf ?
Tu peux répondre à cette question de Joachim Pastor ?
Joachim Pastor :
La moitié de dix-huit.
On a une dernière tradition sur Amnusique, on demande aux artistes de nous envoyer un selfie pour avoir un petit souvenir. Certains n’aiment pas ça alors on laisse le choix, ça peut être une photo d’un endroit, d’un objet, d’un animal, enfin quelque chose qui représente l’artiste.
Joachim Pastor :
Voilà l’entretien est terminé ! Merci à toi Joachim d’avoir joué le jeu et de nous avoir offert cette fabuleuse photo de toi jouant de la cornemuse. Prochaine étape de la semaine spéciale Hungry Music, l’interview réalisé avec ton ami N’to. Rendez-vous mercredi 11 mars pour la découvrir.
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Pays : France.
Style musical : Electronica, Tech-House, House.
Nom(s) : Joachim Pastor.
L’info en plus : Joachim a un diplôme d’ingénieur, et se décrit comme étant le MacGyver de Hungry Music. Sur le teaser du Hungry Tour, on apprend qu’il a fait un potard en bois pour dépanner Worakls (potard que Worakls a gardé d’ailleurs).
Site internet : ici
Maison de disque : Still Vor Talent, Hungry Music.
Publié par : Guillaume, Catégorie(s) : Artistes, Entretiens
Graphiste et illustrateur dans une agence de communication le jour, administrateur et rédacteur web la nuit, Guillaume est le fondateur du site Amnusique.
Sa plus grande fierté ? Il est Carolomacérien. Sa plus grande honte ? Il a possédé (et écouté) l’album de K-Maro durant son adolescence. L’artiste le plus présent de sa playlist ? Très certainement Parov Stelar.