Entretien – Guavid Detta
Aujourd’hui est un grand jour pour Amnusique puisque, pour débuter ce mois d’avril, nous avons réussi à dégoter un entretien exceptionnel et exclusif avec la star Française de l’électro qu’on ne présente plus : Guavid Detta. Toutes les questions que vous vous étiez posées à son sujet, Guavid y répondra avec la franchise qui le caractérise depuis tant d’années. Musique, argent et vie privée, rien ne lui sera épargné. Bonne lecture à toutes et à tous.
Bonjour Guavid, merci de nous accorder ce petit entretien, pour ton information tu as le droit d’utiliser un seul et unique joker amnésie, si jamais tu veux passer une question. C’est parti ! Tout d’abord, est-ce que tu peux te présenter auprès des gens qui ne te connaissent pas encore ? Qui es-tu, d’où viens-tu, depuis quand fais-tu de la musique, ton style de prédilection etc… ?
Bonjour Amnusique ! Bon, moi c’est Guavid, j’ai 47 ans, je viens de Paris et pour tout vous avouer, je ne fais pas vraiment de musique à proprement parler, mais on va dire que j’ai commencé à produire, ce qu’on assimile à de l’électro, à partir des années 1990.
C’est ton vrai nom Guavid Detta ou c’est un pseudo ?
Non c’est mon vrai nom. Je m’appelle Pierre Guavid Detta. C’est d’ailleurs le seul truc vrai de ma carrière et de l’interview.
Quand on fait un ctrl+f sur ta page Wikipedia et qu’on recherche le mot piano, on ne trouve aucun résultat. C’est étonnant sachant que beaucoup de tes morceaux utilisent des notes, enfin une note, de cet instrument. Tu peux nous expliquer ?
Je me bats contre cette rumeur depuis des années. Je suis vraiment musicien. J’ai commencé le piano très tôt en fait, je devais avoir six ou sept ans. C’était ma vie ce truc. J’avais l’impression de pouvoir voyager grâce à ces petits morceaux de plastique blancs et noirs. C’était fou. Et puis mes parents sont venus me voir un jour pour me demander s’ils pouvaient retirer une de mes touches pour caler le meuble du salon. Bon, c’est vrai, c’était chiant parce que la télévision familiale était de travers et ça faisait sauter l’image d’Intervilles. On habitait sur un terrain qui avait été déclaré non constructible à la base et qui s’était affaissé après de fortes pluies. Tout était un peu de travers en fait.
Au début j’ai donc accepté de leur donner une touche, pour apaiser la situation, puis, quelques semaines plus tard, ma mère est revenue à la charge pour me parler du frigo et de la table de la cuisine. C’était le début de la fin pour moi. Mon clavier est passé de 88 touches à 1 seule en quelques jours. Heureusement, j’avais eu la bonne idée de décrocher moi même la dernière et de la cacher sous mon matelas, histoire de pouvoir l’utiliser de temps en temps tu vois. Je pense qu’inconsciemment, le fait de n’avoir qu’une touche à mon instrument m’a peut-être un peu influencé dans le style de mes productions.
C’était donc ton premier instrument ce piano ?
Non, j’avais également un Xylophone à tirer de chez Fisher-Price. Je l’utilise encore régulièrement d’ailleurs, ça reste de l’excellent matos. Quand j’en vois certains qui claquent un fric fou pour des platines ou des guitares, ça me rend perplexe.
Si tu n’avais pas fait de la musique électronique ? Vers quel métier te serais-tu tourné ?
La musique c’est plus alimentaire qu’autre chose tu sais. J’ai fait des études de droit (deuxième vraie info) donc je pense que je me serais tourné vers cela. Tout ce qui touche au droit lié à la musique, comme le plagiat par exemple, c’est quelque chose qui m’intéresse beaucoup.
Et quand, justement, les Guignols de l’info t’accusent d’avoir plagié un canard pour ton morceau « I Got A Feeling » ou un four micro-ondes, ça te touche ?
Pas du tout, ce ne sont même pas des vrais gens ! Chacun tire ses inspirations de ce qu’il aime. Encore aujourd’hui, certains rendent des hommages en remixant des chansons de James Brown ou de Michael Jackson, mais je n’entends jamais ces artistes venir se plaindre ou intenter un procès à leur encontre, alors pourquoi moi !? (Son manager l’interrompt pour lui signifier qu’ils sont décédés.)
Enfin même quoi ! Si ce canard avait sorti des disques, je pourrais comprendre qu’il m’attaque en justice… Alors c’est vrai, pour le coup il y a une vague ressemblance entre mon morceau et son cri mais ça s’arrête là. Et puis… qui nous prouve que ce n’est pas lui qui s’est inspiré de ma mélodie ? Hein ?! Pour l’histoire du micro-ondes… c’est plus compliqué, on (…) (Son manager le coupe et lui fait signe de ne plus répondre à cette question).
À l’heure où on te parle tu as 55 586 676 fans sur Facebook, c’est absolument considérable, tu arrives à réaliser un peu cet engouement autour de toi ?
En réalité, comme mon album One Love s’était plutôt bien vendu à l’époque, j’avais pu réinvestir une grosse partie de l’argent récolté afin d’obtenir davantage de fans sur Facebook. Un jour, j’ai reçu, par hasard, un message sur Soundcloud m’expliquant qu’il existait des sites qui permettaient d’acheter des fans venant d’Inde ou du Pakistan. C’était une nana avec des seins énormes !! Alors ça m’a intrigué tu vois. J’ai commencé par en commander un petit millier, juste pour voir en fait. Et j’ai vite vu que ça fonctionnait plutôt bien donc j’ai mis la dose.
Ce n’est pas un peu injuste d’utiliser ce procédé sachant que la majorité des artistes gagnent leurs fans de façon « honnête » ?
Sincèrement, quand j’ai appris que Jean Tiberi faisait voter des personnes décédées, j’ai trouvé ça génial. J’étais même un peu déçu voire dégouté de ne pas y avoir pensé avant pour remplir certaines salles pour mes concerts en province. Il fait noir, on les retrouve le lendemain en nettoyant la salle et on conclue leur mort par une overdose. C’était infaillible ! Donc tu vois, utiliser des Pakistanais pour liker ma page ça ne me pose aucun problème de conscience. J’en ai même vu un commenter l’un de mes posts la semaine dernière, il y en a pas mal qui sont actifs donc ce n’est pas réellement de la triche. On m’a même dit qu’on avait pu construire un puit à Calcutta dernièrement grâce à ma dernière commande de likes. J’ai un peu l’impression de les aider aussi finalement.
On passe à une question un peu plus personnelle. La rupture avec Cathy n’a-t-elle pas été trop compliquée à gérer pour vous deux ?
Tu sais, quand tu vis des années avec le même homme ce n’est jamais facile quand tout s’arrête d’un coup. Avec Cathy c’était fusionnel. Il n’a pas un caractère facile mais ça reste une belle personne et je ne peux pas renier tout notre passé. Je sais qu’il a réussi à refaire plus ou moins surface grâce à Rising Star et à Cali, ça lui a fait beaucoup de bien de voir autre chose. Après, je sais très bien que si Cathy chialait sans arrêt pendant l’émission, ce n’était pas uniquement dû aux qualités de présentateur de Guillaume Pley. Il est encore fragile et c’est encore frais. Certaines blessures mettent des années à cicatriser. De mon côté ça m’emmerde surtout pour les pochettes de F*** me i’m famous. Je vais devoir trouver rapidement quelqu’un pour poser à poil à côté de moi.
Tu parles de Cathy en disant « il », tu insinues que c’est un homme ?
J’hésite à utiliser mon Joker Amnésie (rires). C’est plus compliqué que ça à vrai dire. Tout ce que je peux vous dire c’est que la médecine fait vraiment des miracles aujourd’hui. L’amour c’est vraiment pas une question de sexe, c’est le cœur qui parle, c’est tout. Peu importe ce que Cathy a été ou sera. Qu’il s’appelle Gilles ou Cathy, on s’en fout, ça reste une grande partie de ma vie.
Y-a-til eu un élément déclencheur qui a amorcé cette séparation ?
En fait on a eu un débat houleux sur la notion de musique commerciale. Elle me soutenait férocement que ma musique était commerciale. C’est n’importe quoi ! Dès l’instant où tu vends ne serait-ce qu’un CD, ta musique devient commerciale, c’est logique non ?! Mon but n’est pas que ma musique plaise au plus grand nombre mais seulement que tout le monde achète mes albums et qu’on la passe le plus possible sur Run Fadio. Ni plus, ni moins. La goutte d’eau qui a fait débordé le vase c’est lorsqu’elle a utilisé mon fer à lisser, juste pour m’emmerder. Elle me connait. Elle m’a rendu fou. Ce truc c’est comme une brosse à dents, ça ne se prête pas putain.
Tu as des artistes qui t’influencent ?
J’adore Eric Clapton et Queen (rires), nan je plaisante ! J’écoute très peu de musique, c’est pas tellement mon truc, mais c’est vrai que j’adore le côté répétitif des morceaux de Christophe Maé par exemple. J’aime cette capacité qu’il a à ré-utiliser le même accord, en changeant uniquement les paroles. Si je pouvais, je lui proposerais de bosser avec moi et Big Ali, on ferait un super hit pour Run Fadio je suis sûr. C’est quelque chose que Gérald De Palmas sait lui aussi super bien faire et qui m’inspire vraiment au quotidien pour mon travail. Ça va peut-être vous surprendre mais j’écoute aussi régulièrement des sonneries de téléphone.
Au contraire des artistes que tu n’apprécies pas trop ?
Comme artiste en particulier, je ne sais pas… Par contre je t’avoue que je ne peux pas blairer la musique classique de manière générale. Pour Zemmour le rap est une sous-culture, pour moi c’est le classique. Allo, les mecs qui faisaient ça à l’époque portaient des perruques quoi ! Et puis, t’as déjà vu du Chopin ou du Beethoven sur une compilation Run Fadio ?! He ben moi non ! Ça prouve bien la faiblesse du truc. C’est impossible que ça dure dans le temps, c’est juste une mode passagère selon moi. C’est comme le rock.
Tu as un souvenir de ta pire scène ?
C’était l’année dernière au Main Square ! Déjà, j’étais persuadé que c’était un festival aux states ce truc avec un nom pareil ! Quand mon manager m’a dit qu’on allait dans le Nord de la France j’ai cru à un poisson d’avril sérieux. Mais j’ai vu qu’on était en juillet donc c’était pas possible (rires niais). Bon ça à la limite ça aurait pu passer, j’avais encore pas mal de poudre que Cathy ne m’avait pas embarquée, mais le coup de d’estocade c’est quand j’ai vu que j’étais à l’affiche avec des groupes de rock. Du rock quoi !! J’ai rien contre le rock mais c’est comme la musique classique, c’est vraiment pas assez électro franchement. Moi qui joue souvent en levant les bras, c’est un truc que tu peux pas faire avec le rock tu vois. Je sais pas comment ils font les mecs pour saluer le public pendant qu’ils jouent. C’est vachement impersonnel je trouve. Moi ma musique, que je sois sur scène ou dans la foule, elle tourne, elle n’a pas besoin de moi, c’est ça l’électro mec !
Ton meilleur souvenir de scène ?
C’était un événement Farty Pun organisé par Run Fadio. C’était fou ! Il y avait des drapeaux et des bâches Run Fadio partout. Du rose, du bleu ciel, du jaune et du blanc partout. J’ai même eu le droit de repartir avec des stylos Run Fadio, vraiment sympa cette radio. Je ne sais même plus ce que j’ai joué ce soir là, c’était moi le gamin devant ce sapin de noël Run Fadio.
Et ton passage aux Victoires de la musique ?
J’y étais à ce truc ?
Oui, tu as même reçu une « Victoire d’honneur » pour l’ensemble de ta carrière… Mais tu as perdu face à Cascadeur.
Je ne me souviens pas… Mais, je t’ai déjà raconté mon concert à Farty Pun ? C’était vraiment de la folie, on m’a même pris en photo à côté des drapeaux de Run Fadio ! Polala…
On va finir par une tradition chez Amnusique, c’est l’album de la honte. Tu as forcément acheté un jour ou l’autre un album que tu n’assumes plus aujourd’hui. On a déjà eu Lou Bega, Pocahontas… Et toi, c’était quoi ?
Je vais t’avouer qu’il m’est déjà arrivé d’acheter mes propres albums ! Je fais monter les ventes de cette manière pour persuader les gens que je fais de la bonne musique. Donc pour répondre à ta question, j’ai déjà acheté au moins une version de chacun de mes albums. Ah si, je me souviens d’autre chose, un jour j’ai eu un album de Supertramp mais comme ma Villa est en côte, je l’utilise pour caler le pneu arrière de l’Audi. Faut être ingénieux dans la vie (sourire)
C’est ce qu’on appelle la reproduction sociale ! On te remercie Guavid pour ta franchise, on te laisse le mot de la fin ?
Tout est bon dans l’poisson ! Ecoutez de l’électro, écoutez Run Fadio.
Publié par : Guillaume, Catégorie(s) : Artistes, Entretiens
Graphiste et illustrateur dans une agence de communication le jour, administrateur et rédacteur web la nuit, Guillaume est le fondateur du site Amnusique.
Sa plus grande fierté ? Il est Carolomacérien. Sa plus grande honte ? Il a possédé (et écouté) l’album de K-Maro durant son adolescence. L’artiste le plus présent de sa playlist ? Très certainement Parov Stelar.