L’Impératrice – Partouze dans la jungle en Bikini
À l’occasion de la 26ème édition des Curiosités du Bikini de Toulouse, les organisateurs ont décidé de mettre à l’honneur la musique pop Française en offrant aux Toulousains une programmation fraiche et éclectique à prix abordable. Pour seulement 5 euros, le bikini nous a ainsi donné la possibilité de découvrir tour à tour sur scène les Toulousains d’After Marianne, la chanteuse Ardennaise Fishback, les Parisiens de L’Impératrice et le Bordelais Perez. Si tous les groupes étaient susceptibles d’éveiller notre curiosité, c’est pourtant L’Impératrice qui récoltait tous les suffrages du côté d’Amnusique et qui nous poussait à franchir les portes de la salle de concert de Ramonville le 11 février dernier. Après plusieurs années à écouter en boucle les morceaux groovy et nu-disco du sextet Parisien, il était temps pour nous de pouvoir enfin les admirer en live et de se faire un avis objectif sur leur capacité à conquérir nos oreilles en dehors du monde digital…
Fishbach – La fille cachée de Brigitte Fontaine
Arrivés un peu trop tard dans l’enceinte du Bikini pour observer le live du groupe After Marianne (dont certains membres participent également à l’aventure Kid Wise), nous débutons donc cette soirée, placée sous le signe de la découverte 100% pop Française, par la prestation de Fishbach, une artiste Ardennaise un peu barrée, à mi-chemin entre le style de Catherine Ringer et l’univers fantasque de Brigitte Fontaine. Armée de sa chapka et de sa guitare électrique, la jeune Carolomacérienne nous délivre pendant une bonne quarantaine de minutes, un répertoire sombre et ultra mélancolique, rythmé par des sonorités électroniques pas inintéressantes et plutôt bien senties.
Tout au long de son set, la chanteuse surprend, titille et dérange l’auditoire de par ses textes cafardeux à en faire pâlir Mylène Farmer elle-même, de par sa voix irritée par le funeste univers musical qu’elle entretient, mais également de par son jeu scénique qui nous fera nous questionner à plusieurs reprises sur sa possible schizophrénie musicale et/ou sa prise de substances avant de monter sur les planches. Flora, de son prénom, avouera au public que, malgré les apparences, elle n’est pas seule sur scène (ni dans sa tête) et nous la croyons bien volontiers. La présence de musiciens à ses côtés apporterait, d’ailleurs un vrai plus à sa prestation un peu trop autocentrée à notre goût. Âmes dépressives, s’abstenir. Ou pas. Ce n’est pas trop notre « came » mais cette nana a, malgré-tout, un truc, un grain, qui peut sans doute plaire et trouver son public. Les cordes vocales ne sont pas forcément faites pour que le public puisse se pendre avec, elles peut aussi servir de lasso pour attraper les âmes des plus réfractaires…
L’Impératrice – Partouze dans la jungle en Bikini
Une fois sa prestation terminée, l’exubérante Flora Fishbach quitte la scène et laisse sa place à la fluette et discrète chanteuse Flore Benguigui, accompagnée de ses compères Charles de Boisseguin, Tom Daveau, Hagni Gwon, Martin Neumann et David Gaugué, avec qui elle forme L’Impératrice depuis quelques mois. C’est d’abord Charles et Hagni, baskets à LED vertes aux pieds et synthés affûtés comme jamais, qui ouvrent ce pince-fesses royal avant que le reste de la troupe ne vienne les rejoindre sur scène. La magie opère tout de suite auprès d’un public bien plus emballé par les chaleureuses ondes groovy des riffs de guitares de Martin et de David que par celles plus lugubres de l’artiste qui les précédait (l’univers musical n’est pas le même non plus, il faut bien l’avouer). L’Impératrice fait faire un bon de 30 ans en arrière à des fans conquis, qu’on ne peut pas réellement qualifier de « nostalgiques de cette époque 80’s révolue » puisque, pour la majorité d’entre-eux, ils ne l’ont pas connue (ou alors seulement à travers la musique de films qui avait bercé leur jeunesse).
Le contraste est saisissant entre l’ambiance qui régnait 10 minutes avant l’entrée en scène des Parisiens et celle qui se propage maintenant au rythme de leurs mélodies cinématographiques. D’un côté nous avions l’ombre d’Arthur Rimbaud qui se tailladait les veines et de l’autre DSK qui se masturbait au-dessus de notre épaule (oula, on va loin). Le public ne s’y trompe pas, tout le monde danse, ses sens et ses hormones sont en ébullition. Charles le rappelle à plusieurs reprises au micro, les chansons de L’Impératrice ont la particularité de faire régulièrement référence au sexe et à la notion de sensualité à travers leurs textes. Et le moins que l’on puisse dire c’est que tout cela se ressent. L’auditoire passe d’une partouze endiablée organisée dans la jungle, avec Agitations Tropicales, au léchage déluré de leur glace Vanille Fraise, qui parvient même à faire fredonner une bonne partie du public malgré l’absence de paroles sur le morceau. L’opération de séduction continue avec La Lune et ses riffs de guitares érotiques qui viennent aguicher chaque parcelle de notre peau jusqu’à l’orgasme épidermique.
Après nous avoir joué (presque) tous les classiques de son répertoire (Sonate Pacifique nous a beaucoup manqué), nous avoir gratifié d’une reprise du tube Starlight du groupe Néerlandais « Risqué » et offert un morceau inédit jouissif (il m’avait semblé en entendre un deuxième que je ne connaissais pas), L’Impératrice clôture son allocution musicale par le titre Aquadanse, allongé pour l’occasion, et abandonne sa cour après une quarantaine de minutes intenses et captivantes. On aurait voulu que ce club échangiste musical éphémère nous ouvre ses portes un peu plus longtemps mais, pour cinq euros, on ne va pas faire les fines bouches (on se demande d’ailleurs comment sont rémunérés les artistes).
L’Impératice a, semble-t-il, trouvé la bonne formule en débusquant la jolie Flore de son groupe de jazz d’origine. Elle apporte le petit quelque chose qui manquait à la formation pour pouvoir s’exporter pleinement en live. Si la chanteuse semble parfois être un peu en retrait, nul doute que l’enchaînement des dates avec le reste des monarques lui fera prendre de l’assurance. La troupe transpire la bonne humeur, l’amour de la scène et la volonté de partager son univers avec le public. Le voyage dans les années 80 qu’ils nous organisent est un pur plaisir aussi bien auditif que sensoriel. Le 14 avril prochain, L’Impératrice posera son carrosse au Printemps de Bourges, pour une nouvelle étape de choix dans sa carrière. Nous quittons le Bikini juste après le début du live de Perez, avec un goût de Vanille Fraise encore bien présent dans la bouche.
Crédits Photos : © Gigsonlive
Publié par : Guillaume, Catégorie(s) : Analyses et reportings, Concerts
Graphiste et illustrateur dans une agence de communication le jour, administrateur et rédacteur web la nuit, Guillaume est le fondateur du site Amnusique.
Sa plus grande fierté ? Il est Carolomacérien. Sa plus grande honte ? Il a possédé (et écouté) l’album de K-Maro durant son adolescence. L’artiste le plus présent de sa playlist ? Très certainement Parov Stelar.